Coucou, c'est Sarah qui vous écrit. Aujourd'hui, nous vous proposons un article un peu différent, mais qui nous touche tous et toutes dans notre carrière; partir de son milieu avant la fin de l'année scolaire. En effet, plusieurs d'entre vous ont eu à quitter un milieu de stage avec regret ou encore avec soulagement. Pour d'autres, c'est un contrat qui se termine avant le 22 juin, un congé de maladie ou un congé de maternité. Dans mon cas, vous l'aurez deviné, c'est un départ pour une belle aventure familiale avec l'arrivée d'un petit garçon. Comme j'avais déjà vécu cette expérience à la naissance de ma fille, il y a trois ans, je pensais que cette fois-ci ce serait plus facile...parce que j'ai de l'expérience! Devinez quoi? Ce n'est pas le cas. Chaque fois que j'aborde mon départ en classe, avec mes collègues ou mes amies et même à la maison, j'ai toujours cette espèce de boule dans la gorge. On ressent tous cette émotion de ne pas être allé jusqu'au bout avec ses élèves. Alors, imaginez après deux ans passés avec les mêmes élèves comment j'ai pu devenir émotive depuis quelques semaines! Dès le début de ma grossesse, je savais que je ne les accompagnerais pas jusqu'à la fin, mes grands qui partent pour le secondaire. Comme si je les laissais un peu tomber en cours de route malgré le fait qu'ils comprenaient.
Quand j'étais encore stagiaire, un superviseur de stage nous avait dit que la dernière impression est aussi importante que la première. Qu'il faut préparer sa sortie pour bien la réussir dans la douceur. Cette réflexion m'a beaucoup marquée et c'est ce que j'ai tenté de faire. Ma sortie à moi a été annoncée rapidement. Dès le moment où j'ai annoncé ma grossesse en novembre, mes élèves savaient que je ne pourrais pas terminer l'année avec eux. Ma sortie, c'est à ce moment que j'ai commencé à la préparer doucement. Voici donc, sans prétention, quelques petites choses que j'ai essayées de mettre en place avant mon départ pour faciliter la transition (pour eux comme pour moi!):
1. Nous en avons parlé! Dès le départ, j'ai tenu à les rassurer en leur disant que tout le temps où je serais là, je serais disponible pour eux. Plus la fin approchait et plus certaines (et même certains) voulaient rester aux récréations pour discuter que ce soit de mon bébé, de leurs problèmes, etc. Même à quelques jours de mon départ c'était important pour moi d'être là et de les écouter.
2. Nous avons parlé de ma grossesse. Mes élèves m'ont vu dans toutes sortes de situations: verte de nausées, essouflée après avoir monté les escaliers. Ils m'ont vu arrondir au fil du temps. Sans entrer dans les détails privés, ils m'ont questionné après chaque rendez-vous et étaient tellement impatients de connaître le sexe de mon bébé. Cela nous a permis de créer une espèce de bulle que nous étions les seuls à partager et j'ose dire que notre lien d'attachement s'est renforci.
3. Plus les semaines avançaient, plus je faisais allusion à mon départ. Au début, c'était des blagues plutôt subtiles, mais, dans les dernières semaines, je parlais de façon plus directe. J'ai pris le temps de répondre à leurs questionnements et d'écouter leurs inquiétudes.
4. J'ai annoncé rapidement qui me remplacerait et je l'ai présentée comme leur nouvelle enseignante et non comme ma remplaçante. Mes élèves ont la chance de terminer l'année avec une enseignante qui m'a souvent remplacée en suppléance et qui est extraordinaire. C'est tellement moins anxiogène pour eux (et pour moi qui lui ai tout confié les yeux fermés). Dès le départ, il était clair qu'elle devenait leur enseignante et qu'ils devaient lui faire confiance et agir comme si c'était moi. J'ai fait la même chose avec les parents en leur envoyant un courriel.
5. Nous avons fait le plein de bons moments. Nous avons ri ensemble, nous avons profité des différentes activités et nous nous sommes taquinés. Nous avions même prévu une petite fête lors de ma dernière journée. Je voulais partir avec des beaux souvenirs et je leur ai dit.
6. Je leur ai dit que je penserais à eux. Après deux ans, nous avions un lien assez solide, mais certains élèves m'ont regardé avec incrédulité quand je leur ai dit que j'aurais une pensée pour eux lors des examens de fin cycle ou encore en septembre lorsqu'ils feraient le grand saut au secondaire. Pourtant, c'est important que mes élèves sachent que même si je ne suis plus là, je ne les oublie pas.
7. Je ne leur ai pas fait de promesses. Je quitte ma classe au milieu de plein de beaux projets et je veux voir les résultats. Par contre, j'ai dit à mes élèves que je ferais tout en mon pouvoir pour venir les voir, mais je n'ai rien promis, car je n'ai aucune idée de la suite des choses.
Quitter son école, c'est aussi quitter un milieu de vie. C'est dire au revoir à des collègues et des amis. Je ne m'étendrai pas trop longtemps, mais cette partie est aussi dure pour moi que le reste. J'ai la chance de travailler avec des collègues extraordinaires qui embellissent tellement mon quotidien. Et ce ne sont pas seulement des collègues, ce sont des amies. De ne plus les voir tous les jours, ça crée un vide et le meilleur conseil que je peux vous donner c'est de ne pas éviter de leur dire. Même si je sais que j'ai plein de belles choses à vivre avec ma famille, je sais que grâce à elles, j'aurai envie de revenir travailler l'an prochain. Parce qu'on est une équipe de feu, parce que depuis que je travaille avec elles je n'ai jamais eu autant de plaisir à rire, à planifier et même à corriger.
Quand tout ne se passe pas comme prévu...
Il arrive parfois que malgré toutes nos bonnes intentions, la vie nous réserve des surprises. Et quelle n'a pas été ma surprise mercredi dernier, à deux semaines de partir en congé, de découvrir que mon travail avait commencé de façon prématurée, que je devrais être hospitalisée quelques jours et que je ne remettrais pas les pieds à l'école. Je n'ai donc pas eu la chance de compléter ma sortie telle que je l'aurais voulu. Au travers du stress et de la gamme d'émotions qui ont entouré ces événements, j'ai quand même pleuré en pensant à mes grands à qui je n'ai pas pu dire au revoir et avec qui je n'ai pas pu vivre certains projets. J'ai eu peur d'avoir manqué ma dernière impression. Mais deux petites phrases de l'enseignante qui termine l'année dans ma classe m'ont permis de réaliser que j'avais accompli la mission que je m'étais donnée: tes élèves me respectent, je ne me sens pas comme une suppléante, c'est très aidant. Tu as de superbes élèves, je suis très chanceuse de terminer l'année dans ta classe. J'ai donc vraiment hâte de pouvoir retourner voir mes grands parce que je les sais heureux et entre bonnes mains.
Sur ce, comme vous vous en doutez, je me ferai encore plus discrète dans les prochaines semaines, mais c'est le coeur beaucoup moins lourd que je vous souhaite une belle fin d'année scolaire!
Sarah xxx
Psst! Pour ceux et celles qui se le demandent, malgré tout, bébé est toujours bien au chaud dans mon bedon. En attendant, c'est le repos complet... une chose difficile à accepter et à respecter pour une enseignante habituée d'être entourée de gens et de projets.
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